De l’eau a coulé sur Mars bien plus tard qu’on ne le pensait


La question de l’eau continue d’être l’une des plus intéressantes pour les explorateurs de Mars.

Mars a abrité de l’eau un jour, c’est un fait aujourd’hui indiscutable. Mais la chronologie précise, elle, reste encore à démêler; quand cette eau est-elle apparue ? Et surtout, quand et pourquoi a-t-elle disparu pour laisser place au désert orange que l’on connaît aujourd’hui? eux questions très importantes pour la recherche. Et d’après des travaux récents, ce dernier événement pourrait être plus récent qu’on ne le pensait.

Ces dernières années, la plupart des travaux les plus solides sur le sujet plaçaient l’assèchement de Mars environ trois milliards d’années avant notre ère. D’après des chercheurs du California Institute of Technology (Caltech), cet événement remonterait plutôt à environ 2,3 milliards d’années.

Il existe plusieurs types d’indices qui peuvent résulter de la présence d’eau. Ces indices sont souvent de nature géomorphologique; plusieurs rovers martiens ont par exemple déjà identifié des structures qui, sur Terre, correspondent à la présence d’eau liquide. Mais il est aussi possible d’utiliser une autre méthode : retrouver des traces chimiques d’un élément transporté par ce liquide.

Une image de Mars capturée par le Mars Reconnaissance Orbiter. En blanc, des dépôts de chlorures. © NASA/JPL-Caltech/MSSS

Traquer les dépôts de sel

C’est ce qu’ont fait la doctorante Ellen Leask et sa professeure; elles se sont intéressées aux dépôts de chlorures qui demeurent à la surface lorsque l’eau s’évapore. Grâce aux relevés du Mars Reconnaissance Orbiter (MRO), qui scrute méticuleusement la planète rouge depuis 2015, elles ont pu passer en revue tous les dépôts déjà identifiés par la NASA.

Leur objectif était de déterminer l’âge de ces dépôts, qui correspond vraisemblablement au grand assèchement de Mars. Malheureusement, le MRO ne permet pas de réaliser une datation chimique à distance. Les astronomes ont donc dû ruser; plutôt que de donner un âge aux dépôts de sels, ils se sont intéressés aux cuvettes dans lesquelles ces dépôts se sont concentrés.

Le raisonnement est simple : puisque de l’eau a pu s’accumuler au fond de ces cuvettes, elles sont nécessairement plus anciennes que le liquide. En théorie, il suffit donc de dater le récipient pour avoir une idée de l’âge du contenu. Et fort heureusement, il est bien plus facile de dater l’âge de ces cratères. Grâce à différents tours de passe-passe mathématiques, les chercheurs peuvent en effet estimer l’âge d’une portion de terrain en fonction du nombre de cratères.

En réalisant cette analyse sur l’ensemble des dépôts de sel connus, les chercheurs se sont rendu compte que certains des dépôts étaient bien plus jeunes que prévu : l’eau qui transportait ces sels se serait évaporée il y a environ 2,3 milliards d’années. C’est près d’un milliard d’années plus tard que la date admise jusque là.

C’est une découverte qui pourrait potentiellement avoir un impact sur la recherche de vie passée sur Mars. En effet, l’eau est indispensable à la vie basée sur le carbone telle qu’on la connaît. À supposer qu’une telle forme de vie ait parcouru Mars un jour, les indices les plus probants se trouveront certainement à proximité des derniers endroits où de l’eau a coulé. Ces dépôts de sels font donc assurément partie des endroits où il sera intéressant d’envoyer un rover un jour, afin de réaliser quelques prélèvements qui nous en diront long sur l’histoire géologique… et éventuellement biologique de notre voisine cramoisie.



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