comment Disney a pu s’offrir Shrek, South Park et Sonic moche ?


Dans Tic et Tac les Rangers du risque, Disney multiplie les références et les easter-eggs, quitte à se moquer de personnages ne lui appartenant pas.

Avec son humour méta et ses dix références à la minute, Tic et Tac les Rangers du risque s’impose comme l’une des bonnes surprises de cette année sur Disney+. Entre le reboot et l’hommage, le long-métrage d’Akiva Schaffer passe au grill toutes les références possibles et imaginables, quitte à détruire quelques souvenirs d’enfance. Au milieu de ce joyeux bric-à-brac, on se demande quand même comment le géant aux grandes oreilles a pu s’offrir des personnages concurrents sans être inquiété.

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Peter Pan, Polochon et Roger Rabbit et Marvel

Ce n’est pas une surprise, Disney a la dent longue. L’empire de Mickey possède bon nombre de licences, et ne s’est pas privé pour en abuser dans Tic et Tac les Rangers du risque. Le film prend un plaisir non dissimulé à détruire les références qui ont fait son succès. On n’attendait pas le géant américain sur ce terrain-là, il faut admettre que le résultat est plutôt jouissif. D’autant plus que depuis le rachat de Marvel, 20th Century Fox et Star Wars, la firme a un catalogue de taille dans lequel piocher.

Pendant plus d’une heure et demie, Disney rend hommage à l’ensemble de ses productions historiques ou plus récentes. Et les choses sérieuses commencent dès le générique, avec la transformation du logo originel, qui devient un hybride entre le château d’Arendelle dans La Reine des Neiges, le palais d’Agrabah dans Aladdin et le Royaume de Triton dans La Petite Sirène. Simples figurants ou véritables protagonistes de l’histoire, les personnages et les easter-eggs s’enchaînent, depuis Polochon, les officiers Wynnchel et Duncan de Wreck it Ralph, jusqu’au mythique Roger Rabbit de Robert Zemeckis. Même la scène post-générique — désormais habituelle chez Disney et Marvel — y va de son petit cliffhanger, qui tease un potentiel nouveau spin-off à venir.

Qu’il s’agisse de Marvel ou Star Wars, les dernières acquisitions de Disney ont aussi droit à leur clin d’œil. On retrouve ainsi Tigra, l’héroïne Marvel pendant la convention à laquelle Tac participe. Un duo de souris à l’effigie de Han et Leia est bousculé dans la course-poursuite avec Sweet Pete. Même Paul Rudd, l’interprète d’Ant-Man dans le MCU, évoque lors d’une interview fictive comment son personnage a bien failli être renommé “Aunt-Man” (Tante-Man) par Disney.

Des licences tierces à la pelle

Les personnages issus de la galaxie Disney ne sont pas les seuls à avoir été malmenés dans Tic et Tac les Rangers du risque. Tout au long du film, Akiva Schaffer se moque de sa crèmerie autant que de la concurrence. On retrouve ici et là des références improbables au film (heureusement fictif) de Batman vs E.T, au monde de Harry Potter et même au roi de la parodie avec South Park.

Alors que Tic et Tac sont dans le repère de Sweet Pete, il est en effet possible d’apercevoir Randy Marsh visiblement sous l’effet de stupéfiants en plein sauna avec des cochons. La série culte créée par Trey Parker et Matt Stone s’est longtemps moquée de Mickey (tout particulièrement pendant l’arc The Pandemic Special), c’est désormais au tour de la série de lui rendre la monnaie de pièce. Même Shrek et My Little Pony s’offrent une incursion sur petit écran pour l’occasion.

L’incursion la plus réussie reste sans doute celle de Ugly Sonic. Personnage récurrent du film, le hérisson bleu avec son design complètement raté est une référence directe à la première version du film de Jeff Fowler. Les fans s’en souviennent, en 2018 la première version du personnage avait suscité un véritable tollé, au point de pousser la Paramount à complètement revoir sa direction artistique. Quatre ans et deux films à succès plus tard, Internet n’oublie rien, et Disney s’est fait un plaisir de rappeler au monde ce fiasco.

Comment Disney a pu citer autant de licences tierces ?

À l’heure où les géants du divertissement se livrent une guerre féroce sur fond de droits de diffusion et de licences, comment Disney a -t-il pu s’offrir autant de références pour son film ? En France le droit à la parodie reste flou, mais protège les citations à but humoristique à condition de ne pas discriminer, ou nuire à l’auteur original. Aux États-Unis, le Fair Use fonctionne sensiblement de la même manière, et permet d’apporter quelques exceptions juridiques au droit d’auteur dans le cadre d’une parodie ou d’une citation.

Ces deux concepts restent cependant encore empreints d’un large flou juridique. N’en déplaise à Disney, il aura fallu sortir le porte-monnaie pour ce nouveau projet.

Pour Akiva Schaffer, l’idée était avant tout de livrer une “lettre d’amour à l’animation“, sans se soucier de la propriété intellectuelle. Interrogé par le site Decider, le réalisateur a indiqué que les avocats du géant américain avaient été particulièrement sollicités pour Tic et Tac les Rangers du risque : “Ils avaient beaucoup de travail à faire et ils se sont vraiment investis et ont été enthousiasmés par l’idée. Eh bien, je suis sûr qu’à certains moments, ils maudissaient l’idée. (…) Ils devaient rechercher les droits, trouver les personnes, convaincre ces avocats et peut-être me faire participer à un Zoom pour présenter le projet. (…) Alors bravo à eux pour l’avoir fait”. 

Drôle, loufoque et irrévérencieux, Tic et Tac les Rangers du risque réussit là où personne ne l’attendait, en offrant à Disney le sens de l’autodérision qui lui manque parfois. Avec ses différents niveaux de lecture et ses easter-eggs en pagaille, le film est une vraie réussite, à découvrir sur Disney+.

Découvrir Tic et Tac les Rangers du risque sur Disney+



Source link Journal du Geek