On a sem la police dans Road 96, le nouveau road-trip narratif de DigixArt


Trois ans aprs le pacifiste 11-11 : Memories Retold, DigixArt revient avec Road 96, un road-trip narratif qui continue de trahir les obsessions mancipatrices de son ralisateur Yoan Fanise. Une nouvelle fois dvelopp Montpellier, c’est pourtant dans un univers dystopique entre tats-Unis et Union Sovitique que nous avons aval les kilomtres.

Aprs nous avoir pos quelques questions sur ce que l’on recherche en allant voir un film (rat !) ou notre rapport la contestation politique, Road 96 nous plonge immdiatement dans son univers fait de rencontres, d’asphalte et d’arrts sur le bas-ct : aux commandes d’un ou d’une adolescente (l’aventure se veut en partie procdurale), il nous faut tout prix quitter Petria, ce fichu pays aux mains d’un autocrate prt tout pour se faire rlire, et qui n’entend laisser personne quitter le pays. Ambiance, mme si le ralisateur aime jouer des clichs :

Dans Ptria il y a surtout beaucoup de misre et de galre, la corruption y est une manire presque naturelle de trouver de l’argent. Le jeu est aussi trs caricatural, on joue beaucoup avec les clichs et on adore a. C’tait a aussi les 90s.

Lchez les chiens !

Pourtant, en croire les paysages dsertiques, les forts de pins et les caravanes qui rythment les kilomtres, Petria a tout du road movie l’amricaine, et ce n’est certainement pas l’aspect visuel, emprunt aux parcs nationaux, et qui rappelle immanquablement le trs narratif Firewatch, qui nous fera penser le contraire. Ce premier contact nous place au volant d’une vielle carriole l’habitacle savamment amnag, puisqu’un flyer de l’opposition vient nous rappeler l’imminence d’une lection joue d’avance, l’actuel prsident Tyrak semblant contrler une vaste propagande d’tat, et prend un malin plaisir rattraper les fuyards en lanant leurs trousses la police, forcment sa botte. Qui doit videmment faire du bruit.

Mais la situation politique ne semble gure proccuper Alex, une auto-stoppeuse ramasse en chemin, trop concentre travailler sur son jeu, une copie de Tank 1990 que l’on pourra rapidement essayer (et tenter d’amliorer) aprs avoir chang quelques lignes de dialogue, histoire de resituer l’action. Si la jeune codeuse n’hsite pas nous affubler de tous les surnoms faussement cools de l’poque, le ton change radicalement en voquant un mystrieux attentat ayant eu lieu dix ans plus tt, en 1986. Une chose est dj certaine : il faudra finir plus d’une fois l’aventure pour en comprendre tous les tenants et aboutissants :

Chaque chemin est unique et de nombreuses squences ne se dbloquent pas si facilement. Le joueur va souvent pouvoir s’exprimer travers ses actions, engendrer sans s’en apercevoir des effets papillons importants qui peuvent faire basculer le destin du pays.

Gilets jaunes fluo 

La rejouabilit du titre se laisse entrevoir ds la squence suivante, alors que notre hrone se trouve oblige de s’arrter faire le plein, et de se confronter l’hostilit du pompiste local. Les nombreuses affiches qui parsment les environs ne laissent a priori planer aucun doute sur l’issue du scrutin, et les primes de recherches se multiplient, y compris pour ceux qui repreraient ces vilains ados en fuite, cherchant passer la frontire. Ni une ni deux, le gus nous fait chanter, et nous voil obligs de servir rapidement les clients de passage, contraints de rpondre leurs exigences de cot ou de litrage. Tenter d’afficher 12 litres et pas une goutte de plus, voil un mini-jeu qui n’a absolument rien d’une punition !

Nous ne voulions pas rduire les interactions aux choix de dialogues, ne surtout pas faire un walking simulator car nous aimons le gameplay, au risque d’avoir une forte dissonance ludo-narrative. Chaque squence est pense autour de plusieurs lments-cls du scnario et surtout autour d’une activit gameplay, on appelait a le « kinder surprise ».

Mais la police rapplique fissa, et les possibilits de dialogues qui taient jusqu’ici assez libres sont parfois conditionnes : si l’on peut gratuitement traiter la flicaille de « fachos » (vridique), il faudra matriser l’une des six comptences du jeu (crochetage, porte-bonheur, intelligence, pass gouvernemental, nergie ou hacking) pour se sortir de toutes les situations. La narration manque encore de quelques plans pour rester fluide, mais l’on comprend au vu de l’attitude qui caractrise les autorits locales que la fuite risque d’tre bien difficile.

Pourtant, certains choix librement effectus par le joueur auront bien des rpercussions in fine, et cette session preview nous laisse penser qu’en plus de l’exil, Road 96 pourrait ben se terminer par une rvolution populaire, ou une transition plus pacifie travers les urnes.

On pourra d’ailleurs choisir de taguer les affiches de l’un ou l’autre camp, et pourquoi pas des deux, pour peu que l’on revendique une troisime voie : 

Il tait impensable de juger les dcisions du joueur : il est libre, et c’est l’essence mme du road trip. Il faut trouver sa voie, se forger une opinion au gr des rencontres et de la comprhension de ce monde complexe. C’est drle de voir en playtest comment le comportement des joueurs changent tout au long du jeu, parfois trop tard, avec de terribles consquences.

Paft Dunk 

Road 96 est fait pour tre jou et rejou, et c’est donc sur une toute autre squence que s’ouvre noter deuxime session, puisque notre ado en fuite se retrouve cette fois mal install dans le side-car d’une moto lance toute vitesse, et pour cause : le duo comique aux commandes vient tout juste d’effectuer un juteux cambriolage.

Sans habitacle, les interactions sont plus limites, et c’est donc un dialogue de sourds qui s’engage, et permet de profiter de la bande-son de Simon Delacroix dlicieusement ancre dans les annes 1990, et qui ne manquera assurment pas de rappeler aux nostalgiques de l’lectro les grandes heures offertes par cette dcennie. 

On pourrait alors croire que Road 96 mise dcidemment beaucoup sur ses dialogues, mais ce serait oublier qu’il faudra compter sur de nombreux mini-jeux : exit la pompe essence, les flics sont une nouvelle fois nos trousses, et faute de munitions, nous n’avons plus d’autre choix que de balancer une une les liasses de billets pour tenter de les ralentir. La jauge psychdlique qui apparait alors l’cran indique le niveau de corruption de la police, qu’il convient de pousser son maximum pour esprer pouvoir souffler. C’est couillu. Les troupes de Tyrak finissent donc par abandonner, et il nous revient le choix de poursuivre l’aventure pieds, en bus, puisque plusieurs centaines de kilomtres nous sparent encore d’une douce libert… 

ON L’ATTEND… UN POUCE EN L’AIR !
Fuir et combattre les oppresseurs sur fond d’lectro rtro, voil qui s’annonce de bonne augure pour le nouveau jeu de DigixArt. Les quelques kilomtres avals nous auront permis de croiser la route de personnalits attachantes, et les quelques mini-jeux proposs laissent esprer des moments de vraies surprises. Esprons que la version finale tienne la distance, ce que nous dcouvrions d’ici la fin de l’anne 2021, sur Google Stadia, PC et Switch.



Source Gameblog.fr