un test critique interrompu, la mégafusée de la NASA ronge son frein


Le wet dress rehearsal, tournant délicat de la dernière phase de test, a été interrompu suite à un problème technique. Une seconde tentative aura lieu ce soir, à 20h40 heure française.

Les ingénieurs du Space Launch System (SLS) sont sur le qui-vive en ce moment. Après dix ans de retards, de controverse et d’explosion des coûts, la pièce maîtresse des futures missions Artemis a enfin abordé la dernière ligne droite avec le début de la phase de tests finale. Malheureusement, l’un des plus importants d’entre eux a dû être reporté.

Il y a deux semaines, ce géant de 98m de haut était sorti pour la première fois du centre d’assemblage du légendaire Kennedy Space Center. Il avait ainsi rallié le pas de tir, ce qui a officiellement lancé la dernière ligne droite avant le grand départ.

Hier, l’engin devait passer par la case du wet dress rehearsal (WDR). Il s’agit d’une séquence de test et d’entraînement absolument critique pour les ingénieurs et les équipes au sol. L’objectif est de s’approcher autant que possible des conditions réelles du lancement. Ou, plus précisément, de la séquence d’événements qui permettra d’y aboutir.

Une des étapes les plus importantes du WDR consiste à remplir les réservoirs avec 2,6 millions de litres d’hydrogène et d’oxygène liquides à très basse température. Ces deux éléments seront vaporisés puis combinés au moment du lancement et pendant toute l’ascension afin de propulser l’engin. C’est d’ailleurs de la présence de ces fluides que vient le terme wet (“mouillé” en anglais) présent dans le nom.

Une répétition générale à l’importance capitale

Ce test n’est pas censé aller jusqu’à la mise à feu. Mais il n’en demeure pas moins indispensable. Car même si cela commence à relever de la routine dans l’aérospatiale moderne, un lancement reste un ballet extrêmement complexe; ingénieurs, opérateurs, techniciens et superviseurs doivent tous connaître leur partition sur le bout des doigts et rester parfaitement coordonnés même en cas de pépin.

Il y a une infinité d’éléments qui peuvent faire défaut, et ce wet dress rehearsal sert donc de dernière répétition générale. Et il n’était apparemment pas de trop, puisque la NASA n’est pas parvenue au terme de la procédure. A un moment du processus de remplissage, l’agence n’est pas parvenue à pressuriser correctement un connecteur censé faire le lien avec le réservoir.

Or, cette pression est indispensable pour empêcher l’accumulation de gaz dangereux dans certaines parties de la fusée; un élément qui pourrait avoir des conséquences désastreuses pour cet engin à plusieurs milliards de dollars. Les équipes de la NASA n’ont donc pas pu procéder au remplissage des réservoirs, ni aller jusqu’au fameux compte à rebours fictif qui aurait conclu le test.

Plutôt que de plier bagage et de perdre encore du temps, les équipes de la NASA ont décidé de laisser le SLS en place le temps d’essayer de résoudre le problème. Tous les ingénieurs concernés ont été mobilisés et continuent de travailler d’arrache-pied pour que le test puisse avoir lieu. Pendant ce temps, l’état-major de la NASA se réunit en ce moment même pour faire un point de situation.

Une nouvelle tentative aujourd’hui à 20h40

Dans l’idéal, la NASA espère pouvoir procéder à un nouveau test dans la soirée. À l’heure actuelle, la météo semble favorable; si la réparation progresse comme prévu, le feu vert devrait être donné à 20h40 heure française. Le cas échéant, il sera alors possible d’assister au test sur la chaîne YouTube du Kennedy Space Center ci-dessus.

Il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que les techniciens réussissent à trouver le souci et que le reste du test se passe comme prévu. Car à ce stade, la NASA a absolument besoin de pouvoir brandir une première victoire d’envergure pour sa mégafusée polémique.

Miné par les retards et les explosions de budget, embourbé dans une collaboration difficile avec Boeing et surtout technologiquement à la traîne avant même d’avoir décollé pour la première fois (voir notre article), le projet SLS aura été un long chemin de croix. Seuls d’excellents résultats permettront de faire passer cette immense pilule à plusieurs milliards de dollars.



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