Test de Ratchet & Clank : Rift Apart (PS5) – Jeux


Aprs avoir fait les beaux jours de l’action/plateforme sur les consoles de sixime et septime gnration, le duo Ratchet & Clank semblait couler de paisibles jours, loin des blasters et autres course-poursuites djantes qui font leur renomme depuis prs de vingt ans. Malgr un bref retour en forme de remake sur PS4, le duo d’Insomniac revient cette fois en haut de l’affiche, et endosse le rle de porte-tendard next-gen. Alors, mission accomplie ?

Dans l’univers d’Insomniac comme dans la vraie vie, de l’eau a coul sous les ponts depuis la fin d’Into the Nexus, et nos deux hros ont comme qui dirait relch leurs efforts, et profit d’une paix retrouve pour prendre un peu de bon temps. C’tait sans compter sur la promptitude de Mgalopolis et sa volont de clbrer le duo la faon d’une parade sur la Cinquime Avenue, avec ballons et confettis de rigueur… qui permet surtout de rappeler les vnements importants des prcdents volets pour ceux qui prendraient le train en route. C’est dire si cette entre en matire annonce la couleur, ou plutt les couleurs, tant ce volet espre servir de vritable vitrine technique la nouvelle console de Sony.

Quartet–tte

videmment, rien ne va se passer comme prvu, et les troupes un peu gauches du Dr Nefarious vont rapidement gcher la fte, et embarquer tout ce petit monde dans un drle de mange, avec un bien joli pompon la cl, puisque ce brave Clank avait pris la peine de reconstruire le Dimensionateur pour l’occasion. Trop soucieux de permettre son vieil ami de partir la recherche de ses semblables, le trs british drode va bien vite regretter son geste, puisque Nefarious met la main sur le Prcieux, et bouleverse une fois de plus la stabilit des dimensions. En plus d’ouvrir le champ des possibles sur le plan visuel, le retour sur le devant de la scne de l’arme ultime des Lombax va permettre d’introduire Rivet, femelle dont la premire apparition en juin 2020 avait soulev bien des questions. Non content de jouir d’une trs bonne criture (et d’une excellente prestation en V.O.), Rivet va rapidement bouleverser les habitudes de nos hros (moins celles des joueurs), et transformer le sage tte–tte en vritable plan quatre. Dans les faits, nos hros se rpartissent consciencieusement les missions effectuer, et le basculement d’une plante l’autre permet d’alterner les deux duos.

Si le sort de plusieurs univers est sur la sellette, Rift Apart prfre laisser de ct les enjeux dmesurs pour mieux se focaliser sur le cas de Rivet, une Lombax encore plus seule que le pre Ratchet, contrainte de se dbrouiller en solo pour s’en sortir, sans pour autant virer l’infme asociale. L’occasion tait toute trouve pour que la licence prenne cette occasion un peu de hauteur, et aborde avec beaucoup de justesse l’identit, la solitude et quelques classiques comme l’amiti et le pardon, sans jamais s’loigner de la dimension grand spectacle qui la caractrise d’un bout l’autre. Durant la grosse vingtaine d’heures ncessaire pour arriver au terme de l’aventure, notre quatuor de hros se frottera bien des problmatiques, alors que l’ouverture d’une autre dimension agit comme un miroir pour chacune des ttes bien connues de la srie. Mention (trs spciale) Glitch, le robot trop peu sre d’elle qui rgale avec chacune de ses rpliques, et remporte le prix du coeur, l’unanimit du jury. 

I got rhythm, I got music

Rift Apart alterne ainsi avec une rgularit fort propos entre nos diffrents hros, qui se chargent de rpartir les tches afin de contrer le vil Dr Nefarious, qui fait pourtant ple figure ct de son quivalent inter-dimensionnel. Les aventuriers vont ainsi jongler entre Ratchet et Rivet, alternant de plante en plante dans un ballet cosmique au rythme matris, pour ne pas dire calibr : chaque nouvel environnement, chaque nouvelle mission peut ainsi se boucler en l’espace d’une heure, et le dcoupage de l’action exprim en pourcentage sur le menu de la PS5 permet de ne jamais s’engouffrer dans un nouveau tunnel alors qu’il est grand temps d’aller se coucher. Et pour ne fcher personne, les nombreux items et autres amliorations d’armes et quipements bonus seront toujours partags. Las de trouver une justification scnaristique ce rgime de la communauts de biens, les dveloppeurs ont choisit de ne pas se prendre la tte, et c’est tant mieux : nous sommes ici dans un jeu vido, que diable !

Plus encore que par le pass, ce nouvel pisode de Ratchet & Clank profite d’une action effrne qui pousse ne jamais vouloir reposer la manette. Pourtant, la formule n’a pas forcment fait l’objet d’une rvolution : malgr le quinquennat qui nous spare du remake ponyme, Insomniac reste fidle l’ADN de la srie, qui voit se succder des squences d’action, de plate-forme et d’exploration plus pousse. L’arrive de la srie sur PS5 permet avant tout d’ouvrir le terrain de jeu, et la prsence des bottes de glisse diminue le temps de trajet autant qu’il pousse au crime, et offre une bonne raison de s’attaquer aux quelques qutes secondaires qui parsment chaque environnement. Dommage que la multiplicit des prises en mains induite par les trs nombreuses phases de gameplay ne soient pas toutes au mme niveau, et s’emmlent parfois les pinceaux. Dans un monde idal, Insomniac aurait sans doute pris le temps d’harmoniser tout a, et ils auraient eu bien raison. 

Thtre des varits

Inutile d’y aller par quatre chemins : Ratchet & Clank Rift Apart est beau comme un camion. Mais pas n’importe quel camion, hein : celui-ci sort rutilant du lave-auto, et c’est avec une couche de vernis encore tide qu’il se prsente nous. Si nous viterons de cocher la case de la comparaison avec un clbre studio d’animation de la cte Ouest, toujours est-il que le moteur graphique fait des merveilles, et blouit grce sa modlisation que l’on pourra admirer sous toutes les coutures dans la galerie de personnages. Toujours dans la technique, la gestion de la lumire et des couleurs qui profite de la varit de plantes offertes pour varier les plaisirs et les gammes chromatiques, le tout sans le moindre chargement. La mcanique de la faille dimensionnelle martele par tous les chargs de communication de la Toile est plaisante, offre mme des options de fuite lorsque les combats gagnent en intensit, mais difficile d’y voir plus qu’une trouvaille : loin de la rvolution annonce, le chargement ultra-rapide permet surtout de changer de dcor en un claquement de doigts. La mcanique est plaisante, bien pratique en combat, mais on se demande au final pourquoi l’diteur aura ce point insist sur une simple featurette qui ne transforme en rien le game design, alors que le jeu profite de bien d’autres qualits mettre en avant. 






         
    Mode Graphisme ou mode Performance ?    
   

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Vous serez nombreux, et c’est lgitime, nous demander un comparatif entre les modes Graphisme privilgiant un affichage 4K; et Performance aux 60 fps flatteuses. Heureusement pur vous, un patch est arriv juste avant la sortie du test pour enfin profiter du jeu dans ses trois modes proposs au lancement. tonnamment, les 30 fps du mode Performance ne nuisent que trs peu a fluidit de l’action, et nous conseillerons tous les aventuriers de l’espace de faire un petit comparatif, tant la plastique avantageuse du titre exploite de fort belle manire une rsolution en 4K. Si le mode Performance semble offrir le meilleur compromis, la prsence d’une alternative avec Ray-Tracing, dj offerte dans Marvel’s Spider-Man Miles Morales, permettra de profiter des innombrables textures dtailles de l’aventure, au prix de quelques sacrifices, notamment dans les environnements trop peupls. Mais au vu du rythme effrn qui donne rarement l’occasion de souffler, s’en plaindra-t-on vraiment ? 

   

 
Le jeu profite des taux bas pour emprunter comme un cochon spatial l’univers de Star Wars : des plans larges sur l’cosystme aux transitions en volets so George Lucas en passant par la scne du Sarlacc Pit, Insomniac s’en est donn coeur joie. Parmi les emprunts russis, impossible de ne pas en placer une pour la bande-son orchestrale grandiose de Mark Mothersbaugh, qui s’en donne coeur joie. Pourrait-on dire que le septuagnaire signe ici sa meilleure oeuvre vidoludique ? Trs certainement. Chaque environnement profite d’une relle identit visuelle et sonore, qui ne s’accorde malheureusement pas toujours avec une lisibilit sans faille, surtout lorsque l’action s’emballe, et qu’il faut jongler entre un armement de plus en plus plthorique : les dplacements qui peuvent s’effectuer de bien des manires, et les tirs ennemis qui fusent de toutes parts, il faudra parfois savoir piffer au bon moment pour sauver sa peau. 

Cassius Clay molette

Rift Apart reste videmment trs accessible en multipliant les checkpoints, et il faudra aller piocher dans les modes de difficult suprieurs pour profiter fond des nombreuses amliorations d’armes payes rubis sur l’ongle. Rtrograde du statut de boss celui de simple vendeuse, Mme Zurkon proposera au fur et mesure de la progression un choix de ptoires faire plir notre cher Camille : entre les grenades aux effets multiples, le tir du Ricochet, les proprits vgtales de l’Arroseur Topiaire ou le canon jouissif du Collisionneur de Ngatrons, il y en aura pour tous les gots, mme si le combat au corps–corps permet parfois de casser la tactique de certains ennemis, et tant pis pour la finesse. force d’en faire usage, vos armes grimpent en niveau et largissent leur arbre de comptences, un principe classique mais efficace puisqu’il faudra parfois encercler certaines fonctionnalits bonus pour les dbloquer… ce qui aurait ncessit certains choix si le Raritarium ne se ramassait pas par palettes entires. Le joueur un minimum consciencieux finira donc arm jusqu’aux crocs, prt pour le carnage exponentiel des dernires missions. 

Entre deux coups de clef molette, ceux qui aspirent un peu de calme pourront toujours aller piocher du ct des objectifs secondaires (qui en dehors de l’abominable maniement de Trudi s’avrent relativement sympathiques), mais ce sont surtout les phases en compagnie de Clank ou Kit qui changent vritablement la donne : prenant la forme de puzzles inspirs de Lemmings, elles ncessitent de faire bon usage de sphres lmentaires pour conduire une cohorte de robots spectraux vers leur destination finale. Si l’ide est bonne, on se demande rapidement pourquoi leur maniement se borne tout grer avec la seule gchette R2, et l’on ne peut s’empcher d’imaginer que les mmes esprits drangs se cachent derrire cet tonnant choix.

La veille des sens 

La diffrence est d’autant plus flagrante que Ratchet et Rivet se manient rapidement avec beaucoup de dextrit, et une fois digre la gestion des sauts doubles ou plans, l’exploration devient trs agrable, et permet mme de trouver en plein combat de nouvelles applications. Mais malgr cette souplesse, Rift Apart ne parvient pas se dfaire des quelques boulets que la srie se trane depuis ses dbuts sur PS2, commencer par des collisions combien hasardeuses, qui mettent parfois la raison terre. En plus de rebondir sur des textures invisibles et de ne pas s’en cacher, nos hros devront composer avec une physique parfois flottante, des passages que l’on pourra forcer comme un sagouin grands coups d’jections, sans parler des morts stupides gnres par un saut « dans le vide » alors que le dcor est pourtant matrialis sous nos yeux. Les dveloppeurs n’avaient simplement pas prvu de vous faire passer par l… Et il ne faudrait pas oublier les quelques recharges de sauvegardes indispensables pour se sortir de situations paralysantes, ou les scripts qui ne se dclencheront jamais, et nous aurons oblig aller massacrer la source les troupes ennemies incapables de franchir un obstacle. Qu’on se le dise : les speedrunners vont s’clater passer d’un trou de gruyre l’autre.

C’est d’autant plus tonnant que l’aventure entre deux dimensions se veut en mme temps tre la vitrine technologique de la console, et ce jusqu’au bout des doigts : Insomniac nous avait prvenu, nous allions sentir ce que nous allions sentir, et sur ce plan, la promesse est assurment tenue… Un peu trop ? Sans doute. Si l’on profitera des diffrentes textures des sols largement inspires par Astro’s Playroom ou des armes double dtente grce aux gchettes retour de force qui offrent une plus grande varit tactique, fallait-il pour autant faire usage des retours haptiques pour chaque input dans les menus ? Ou profiter du haut-parleur de la DualSense pour le moindre boulon rcolt ? La rponse est videmment non, trois fois non, et il fallait bien que quelqu’un essuie les pltres et pousse le bouchon un peu trop loin : ce rle revient donc aux petits gars de Burbank, qui saturent parfois le joueur d’informations, et contribuent vider vitesse grand V la batterie de cette pauvre manette, qui peine tenir la distance lorsque tous les curseurs sont pousss au maximum… Heureusement, les plus soucieux de l’environnement pourront ajuster dans les options le niveau de vibrations souhait, et revenir un niveau raisonnable de sollicitations sonores.

Les yeux Rivet sur l’cran

Pourtant, on pardonnera bien des errances et autres clous qui dpassent Ratchet & Clank Rift Apart, tant l’aventure parvient nous happer avec brio dans son tourbillon d’action et de couleurs mene tambour battant, le tout port par une criture la fois drle et parfois profonde, qui russit multiplier les clins d’oeil aux vieux briscards sans jamais perdre en route ceux qui dcouvriraient la srie avec ce nouvel opus. La formule est connue, dsormais bien huile, et pourtant : la magie opre, et c’est avec un petit pincement au coeur que l’on quitte Rivet & Co (dans cet ordre, deal with it), en esprant qu’il ne faille pas attendre un interminable quinquennat supplmentaire pour trouver une nouvelle bonne raison de sauver l’univers tout entier, tant la recette continue inlassablement de fonctionner, presque deux dcennies plus tard. Finalement, Angel avait raison de citer Julo : « Ratchet & Clank fait partie de ces sries insolentes, qui nous pondent des pisodes toujours identiques dans leur formule, mais dont le charme opre toujours trs vite, une fois la manette entre les mains. » CQFD !






         
    Le retour du Collect-a-thon ?    
   

Les hard looters sont l

Entre les dizaines de milliers de boulons cumuler, les munitions rcuprer, les dimensions de poche ouvrir, il y avait dj de quoi faire. Ce n’tait visiblement pas assez pour Insomniac, qui a choisit d’muler l’exhaustivit d’un Masahiro Sakurai des grands jours : entre les boulons dors qui offrent tous une option cosmtique ou un menu bonus supplmentaire, les robots espions qui dblatrent sur l’environnement local ou les mystrieux enregistrements sphriques qui demanderont de relier entre eux les points, il y a dcidment BEAUCOUP d’items rcolter dans Rift Apart, et les compltistes pourront gonfler la dure de vie respectable de quelques heures supplmentaires.  

   



Source Gameblog.fr