sur Mars, l’hélicoptère Ingenuity se prépare à l’expédition d’une vie


Le petit hélicoptère martien de la NASA n’en finit plus d’impressionner, mais il s’attaque à désormais à une étape délicate de sa nouvelle mission.

Ingenuity n’en finit plus de dépasser les attentes de la NASA. Alors qu’il était à l’origine prévu pour effectuer cinq vols au grand maximum, le compagnon privilégié du rover Perseverance a récemment réalisé son… 24e vol sur Mars. Et il est loin d’avoir dit son dernier mot. Il se prépare d’ailleurs pour son 25e voyage, le plus long de toute sa carrière d’explorateur.

En ce moment, Perseverance a entamé sa transhumance vers la dernière étape de son voyage : un delta situé à la bordure du cratère de Jezero, où le rover s’est posé en février dernier. Les travaux sensationnels du couple Perseverance – Ingenuity ont déjà permis de prouver sans l’ombre d’un doute que l’eau était abondante dans la zone il y a quelques milliards d’années.

Or, l’eau est indissociable de la vie telle qu’on la connaît; c’est donc un endroit où la NASA a bon espoir de pouvoir trouver des vestiges d’une vie passée sur Mars, à supposer qu’il y en ait eu un jour. Le problème, c’est que le voyage est immensément périlleux.

Un nouveau chapitre grandiose d’exploration spatiale commencera une fois que Perseverance sera arrivé au fameux delta, aux confins du cratère de Jezero. © NASA / Jet Propulstion Laboratory

Cap sur le delta

Car même pour un rover rompu aux terrains difficiles comme Perseverance, la route s’annonce particulièrement délicate. Il devra composer avec des poches de sables où il pourrait s’enliser, des roches affûtées qui pourraient endommager les routes, et ainsi de suite. Et un seul de ces redoutables pièges géologiques pourrait mettre toute la mission en péril.

Pour éviter les mauvaises surprises et éviter de se retrouver dans un cul-de-sac potentiellement synonyme de fin de mission, Perseverance ne crache pas sur un peu d’aide. Et cela tombe bien; car depuis que la NASA a pris conscience du potentiel d’Ingenuity, elle lui a attribué un nouveau rôle d’éclaireur qu’il a accueilli les bras ouverts.

Depuis quelques mois, il multiplie les allées et venues pour anticiper les pièges qui attendent le rover. Il devrait ainsi lui permettre d’arriver à bon port sans encombre; Perseverance pourra alors mener à bien son exploration du delta, avec de nombreux trésors géologiques potentiels à la clé.

Après bientôt dix ans d’exploration et plus de 20km parcourus, la surface impitoyable de Mars commence à réclamer son tribut aux roues du rover Curiosity. Ingenuity permettra à Perseverance d’éviter de connaître le même sort en route. © NASA/JPL-Caltech/MSSS

La route de la découverte est semée d’embûches

Mais si cette opération va grandement faciliter la vie au rover, cela ne signifie pas qu’elle sera triviale pour son drone de compagnie. Même s’il se porte comme un charme, l’objectif reste de prolonger autant que possible la vie de cet acolyte de luxe. La NASA doit donc faire preuve de patience et planifier méticuleusement ses moindres faits et gestes.

Même si la surface accidentée de Mars ne lui fait ni chaud ni froid, l’environnement martien ne lui est pas particulièrement hospitalier pour autant. Pour commencer, les ingénieurs doivent faire particulièrement attention aux conditions météorologiques. Car en plus d’être beaucoup plus fine que celle de la terre, l’atmosphère martienne a la fâcheuse habitude de perdre en densité pendant certaines saisons.

Or, la capacité d’un tel engin à se maintenir en l’air dépend directement de la densité de l’atmosphère. Très sommairement, plus elle est élevée, plus il sera facile pour l’engin de “s’appuyer” dessus. À l’inverse, si elle est peu dense comme c’est le cas en ce moment, la portance va également baisser. Ingenuity devra donc fournir des efforts supplémentaires pour voler.

De plus, si l’atmosphère est moins dense, cela signifie aussi qu’il y a moins de molécules à disposition pour échanger de la chaleur avec le robot. Celle-ci s’accumule donc beaucoup plus vite lorsque les moteurs tournent à plein régime; pour éviter la surchauffe, il devra donc se contenter de petits bonds de quelques minutes au maximum. Enfin, la NASA devra aussi composer avec la météo locale, susceptible d’endommager le matériel en cas de vol mal préparé.

Une image prise par le Mars Reconnaissance Orbiter qui détaille la route.© NASA/JPL-Caltech/University of Arizona/USGS

Un nouveau chapitre pour l’exploration spatiale

Tout l’enjeu sera donc de faire en sorte qu’Ingenuity puisse prendre son temps, mais sans traîner pour autant; il devra s’assurer de rester en avant du rover pour jouer son rôle d’éclaireur tout en évitant la surchauffe à tout prix. Malgré ces contraintes, il devra jongler avec ces contraintes pour réaliser son plus long vol à ce jour; le plan du vol numéro 25 mentionne en effet un trajet de 704 mètres, soit 80 mètres de plus que le précédent record.

C’est donc un sacré voyage qui attend cette petite machine qui n’en finit plus d’épater son monde. Mais avec toutes les équipes du prestigieux Jet Propulsion Laboratory aux petits soins, Ingenuity et Perseverance sont dans de bonnes mains; il n’y a plus qu’à toucher du bois pour que la route se passe bien. Ils ouvriront alors un nouveau chapitre de cette fascinante aventure d’exploration spatiale, et il nous tarde déjà de nous y plonger.



Source link Journal du Geek