pas le couteau le plus affûté du tiroir 🔪


Scream, ou Scream 5 pour celles et ceux qui, a raison, tiennent les comptes, voit ressurgir sur grand écran une licence que l’on croyait enterrée avec la mort de son réalisateur, Wes Craven. Il aurait peut-être mieux valu…

En 2015, Wes Craven nous quittait, laissant derrière lui une carrière riche en chefs-d’œuvre sanguinolents qui lui ont valu le titre de maître de l’horreur. Et si on peut citer La Dernière maison sur la gauche ou encore Les Griffes de la nuit comme des classiques absolus, on lui doit également d’avoir ressuscité le slasher (sous-catégorie où un tueur psychopathe élimine ses victimes une par une) en 1996 avec Scream. Véritable phénomène, le film aura autant marqué par ses meurtres que par sa conscience de l’univers qui l’entoure, ouvrant ainsi la porte à ce qui est devenu une mode ces dernières années à Hollywood : le méta. Quoi de mieux que de voir des personnages conscients des codes se faire avoir par un tueur les utilisant ?

© Paramount Pictures

Avec une ironie morbide, Scream et ses trois suites auront, chacune à leur niveau, porté un regard sur les usages de leurs époques, allant de la critique Hollywoodienne dans le troisième volet à l’attrait de la popularité sur les réseaux sociaux dans le quatrième. Par l’intermédiaire des Stabs, une saga fictive s’inspirant des événements des longs-métrages, l’art d’utiliser le film dans le film n’aura jamais été aussi bien employé. Et puisque la franchise ne pouvait s’éteindre avec son géniteur, business oblige, il fallait bien lui trouver un remplaçant, ou des remplaçants dans le cas présent. D’un point de vue personnel, le choix de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett semblait logique tant leur Wedding Nightmare semblait les montrer en dignes héritiers biberonnés aux œuvres du père Craven.

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Un héritage qu’ils ne comptaient pas bafouer en proposant de revenir dans la jamais paisible Woodsboro où une série de meurtres recommence, obligeant une nouvelle génération à affronter Ghostface tandis que la précédente entend tirer un trait définitif sur les tueurs costumés.

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On appelle un nouveau casting, on fait revenir Neve Campbell, Courteney Cox et David Arquette et on repart sur un « quel est ton film d’horreur préféré ? ». L’idée, bien qu’inutile, pouvait devenir plaisante pour peu qu’elle soit bien menée ; surtout à une époque où les « requels » (des suites remakes à l’image de Star Wars Le Réveil de la Force, S.O.S. Fantômes l’héritage, etc.) ont envahi le grand écran. La nostalgie étant extrêmement lucrative toute en offrant un gain de temps considérable pour des scénaristes en panne d’inspiration se contentant d’utiliser le travail de leurs prédécesseurs.

Scream n’a même plus la force de crier

Alors que Scream a tout fait pour se débarrasser de son matricule, comme une promesse à un retour à l’original, l’ensemble du film hurle son statut de cinquième épisode. Le temps a passé et Ghostface manque cruellement de créativité. Bien qu’on ne passe pas un mauvais moment et que le divertissement du chat et de la souris version sang et lames soit assuré – de sorte que le film devrait attirer sans mal un nouveau public -, ce retour aux sources ne montre aucune inspiration.

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Chaque opus de Craven savait provoquer l’inattendu en jouant de ses clichés, alors que ce Scream se contente de multiplier les rappels à l’original, presque à la limite de la parodie. C’est tout juste si on aura droit à quelques répliques autour des fameux « requels » alors que le métrage tombe complètement dedans au premier degré. Comme s’il se pensait plus intelligent qu’il ne l’est, le film enchaîne les phrases métas sans en saisir la pertinence, trouvant sûrement plus amusant de se noyer dans son abondance de références fort subtiles… sauf si appeler son héroïne Sam Carpenter peut être considéré comme de la subtilité.

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Même le casting original n’a aucune idée de ce qu’il fait là, ne parvenant pas à nous faire ressentir le moindre sentiment de satisfaction à les voir de retour à l’écran. Quoi qu’on ne peut nier un certain malaise face au visage plastique de Courteney Cox.

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Ce cinquième opus n’est pas une mauvaise copie, mais ça reste qu’une copie tentant de surfer totalement sur l’aura du premier film, jusqu’en reprendre les scènes, sans rien apporter de neuf. On aurait pu se satisfaire de l’efficacité de son aspect gore en fermant à moitié les yeux sur ses lacunes s’il n’avait pas eu la prétention de savoir ce que les fans voulaient. Parce qu’on le sait, et ce n’est certainement pas ce Scream.



Source link Journal du Geek