Philippe Lacheau et ses copains s’attaquent à l’univers des justiciers costumés avec Super-héros malgré lui. Une comédie qui devrait plaire aux fans purs et durs de la bande à Fifi et laisser dubitatifs tous les autres.
On ne sait que penser de l’humour de la bande à Fifi. Si Babysitting avait été une très bonne surprise, dynamitant un peu les standards ronflants de la comédie française à papa, le second opus suivi d’Alibi.com nous avaient laissé penser que le registre de Lacheau and co question blagues peinait à se renouveler. Puis vint Nicky Larson et le parfum de Cupidon et soudain, tout était pardonné. On l’assume, il s’agit de la meilleure adaptation d’un manga porté à l’écran. Certes, on n’esquivait pas les vannes en-dessous de la ceinture, mais parce qu’elles collaient au personnage et parce qu’elles ne monopolisaient pas le récit – qui faisait la part belle aux références d’une génération -, on savait les apprécier, et même en rigoler ouvertement.

Désormais certains que le réalisateur / scénariste était capable de dépasser le stade anal quand il voulait, on s’est engouffrés dans Super-héros malgré lui avec l’idée d’y retrouver le même esprit parodique que son Nicky. Et vu l’hégémonie du genre super-héroïque sur le cinéma, il y avait de quoi faire.
Philippe Lacheau y incarne Cédric, un comédien raté qui se voit offrir le rôle de sa vie en incarnant au cinéma le super-héros Badman. Mais suite à un accident, il perd la mémoire et pense réellement être le justicier avec une dangereuse mission à accomplir. Pour lui et ses amis, c’est le début des ennuis…
Un grand pouvoir implique de grandes irresponsabilités
La parodie est un art délicat qu’il faut savoir manier avec habilité, tant elle demande un grand sens du dosage. Il faut être capable de comprendre les codes du genre auquel on s’attaque afin de parvenir à les restituer, les déformer, puis les moquer sans surenchère grasse, au risque de devenir indigeste. Il n’y a qu’à voir l’essor puis la disparition des « Movie » (Scary, Super-héros, etc.) au début des années 2000 aux États-Unis pour comprendre que même au pays des fast-food, on peut finir écœuré.

Cela tombe bien, se glisser dans la référence en balançant la bonne vanne, le bon clin d’oeil au moment opportun a toujours été le point fort de Philippe Lacheau. Parce qu’il a toujours montré un profond respect pour ce qu’il veut parodier, il sait où appuyer pour faire rire. Super-héros malgré lui enchaîne donc les gentils tacles ouverts à Marvel ou à DC, surlignant certains quand d’autres se veulent plus discrets. On se sent souvent comme le fameux même internet tiré d’Once Upon A Time In Hollywood où Léo pointe du doigt l’écran. En bref, une manière pour « Fifi » de nous dire « je sais que tu as vu ce que j’ai voulu te montrer ». Pas de problème, on marche volontiers dans la combine !

Et puis il y a aussi ces moments où l’humour se sublime pour tomber dans ce qui pouvait nous faire rire dans le haut du panier de la comédie parodique comme les ZAZ (Y a t’il un flic…). Sans vous décrire les scènes, on pense notamment au passage où Alain Belmont (Georges Corraface) veut retourner dans sa loge ou à chaque fois que notre « héros » veut se camoufler dans le noir. Que ce soit au niveau du timing ou de la mise en scène, Philippe Lacheau est capable de briller dans le genre.
Bande Man et Smallex
Et c’est parce qu’on sait le bonhomme capable de faire la différence dans ce style d’humour qu’on en est que plus frustrés de voir que ce qui le fait rire dépasse rarement le haut du pantalon. Dans Speed, si un bus passe en dessous des 80km/h, il explose. Dans Super-héros malgré lui, s’il n’y a pas une blague génitale toutes les 2 minutes, le film explose. Où du moins Philippe Lacheau semble le penser.

Alors on ne va pas se mentir, certaines nous auront cueillis, mais on ne saurait dire si c’est parce qu’elles se veulent mieux écrites que leurs consœurs ou si c’est la force de l’usure. À la centième, on finit forcément par en rire, au moins par fatigue ou nervosité. Ne soyons pas de mauvaise foi, le décalage causé par quelques vannes bas du slip marche fort, notamment grâce à l’éternel duo infernal Tarek Boudali et Julien Arruti (Élodie Fontan étant plus en retrait). Sauf qu’elles sont noyées dans un tel flot très peu interrompu qu’elles finissent par se saboter mutuellement. À ce titre, on préfère vous avertir : n’y emmenez pas vos jeunes enfants. On parlait d’équilibre précédemment et sur ce sujet, on est clairement dans l’overdose.

Il y a donc de la frustration devant Super-héros malgré lui de voir Philippe Lacheau toujours tombé dans la blague facile pipi-caca alors qu’il montre les capacités de voler plus haut. Et parce qu’on apprécie l’homme, on a envie de croire qu’il peut se renouveler. Peut-être la prochaine fois.
Source link Journal du Geek