Critique Un Homme en colère, un film pas si énervé


Après The Gentlemen, Guy Ritchie explore la criminalité américaine avec Un Homme en colère. La nouvelle collaboration entre le réalisateur et Jason Statham vaut-elle le coup d’œil ? Critique.

Guy Ritchie serait-il en passe de devenir le réalisateur le plus prolifique de cette décennie ? Un peu plus d’un an après The Gentlemen, le cinéaste revient avec un nouveau long-métrage qui compte bien braquer le box-office. Baptisé Un Homme en colère, il suit les aventures d’un convoyeur de fonds anglais fraîchement engagé dans une société américaine. Mais alors qu’il passe de justesse les tests d’entrée, il fait la démonstration d’incroyables talents de tireur lors d’un braquage. Tous se demandent désormais qui il est et d’où il vient.

Avec son postulat de départ, celui de garder l’identité et les intentions de son personnage principal secrètes, le nouveau film de Guy Ritchie bénéficie de solides arguments scénaristiques. Sur fond de criminalité californienne, Un homme en colère fait le pari de raconter une sombre histoire de vengeance par le prisme d’un personnage mutin et inquiétant que rien ne semble affecter. Comme bien souvent avec le reste de sa filmographie, le cinéaste et scénariste s’amuse avec le temps. Il le tord, le distend et le malmène pour décontenancer le spectateur. C’est déjà ce qu’il avait fait dans The Gentlemen et Snatch. Mais ici, il adopte un cheminement plus classique, découpant son intrigue en plusieurs chapitres, proposés dans un ordre chaotique. Si le résultat est sans doute moins impactant qu’avec le reste de son œuvre, cela n’en fait pas moins une belle manière de gagner en intensité dramatique. Malgré une trame de fond un peu éculée, la force du film de Guy Ritchie repose sans doute sur la manière dont les pièces de son puzzle s’assemblent de manière cohérente et divertissante. On peut néanmoins lui reprocher de parfois céder à la facilité, notamment dans la résolution de son intrigue. Un homme en colère aurait mérité une fin plus grandiloquente et bien moins convenue. .

Crédits : Metropolitan

Guy Ritchie ne s’amuse plus

Ce qui ressort de ce visionnage, après deux heures de bastons et de fusillades, c’est que Guy Ritchie ne semble pas prendre son pied comme il a pu le faire auparavant. Là où Snatch, The Gentlemen et Arnaques, crimes et botanique prenaient le parti de déconstruire les films de gangsters pour les aborder avec une touche humoristique bienvenue et un sens inné de la répartie, Un Homme en colère se prend peut-être un peu trop au sérieux. C’est moins fun, moins percutant, et du côté des dialogues, c’est beaucoup moins réjouissant. L’humour anglais, qui est incontestablement l’une des forces du cinéma de Guy Ritchie, est aux abonnés absents. Tant pis, on se console avec le goût du cinéaste pour le montage effréné et le cadrage. Du côté de la photographie, Alan Stewart (Aladdin et The Gentlemen) fait à nouveau des miracles. Il transmet avec beaucoup de justesse la noirceur du personnage grâce à des scènes de clair-obscur saisissantes.

Pour Jason Statham, le silence est d’or

Mutin et charismatique, Jason Statham nous fait la démonstration de ses talents dans le rôle principal. Avec un jeu musclé et intense, l’acteur britannique réussit presque à nous faire oublier ses récentes incartades dans la saga Fast and Furious ou même The Expendables. Mais après tout, sous la direction de Guy Ritchie, on est rarement déçu. Néanmoins, il n’est pas toujours accompagné d’acteurs de sa trempe. Scott Eastwood peine par exemple à nous convaincre dans son incarnation d’un antagoniste caricatural, aussi profond qu’un verre à Whisky. C’est à peu près le même constat que l’on peut appliquer à toute la galerie de personnages, dont les rôles scénaristiques sont immenses, mais dont la profondeur est finalement assez anecdotique.

Crédits : Metropolitan

Enfin, dernier point mais pas des moindres : la musique de Chris Benstead. Après la sublime partition de The Gentlemen, le compositeur revient nous en mettre plein les esgourdes avec la musique originale du film. Grinçante, rauque et parfois tonitruante, l’œuvre de Benstead souligne une nouvelle fois avec justesse l’intensité dramatique des scènes. C’est du grand art.



Source link Journal du Geek