Critique The Silent Sea, une série qui nous promet la lune


La série coréenne a-t-elle réussi à nous mettre des étoiles dans les yeux, au point de devenir une référence en science-fiction ? Critique.

Depuis Squid Game, ou même Alice in Borderland, les séries coréennes connaissent une popularité inédite dans le reste du monde, où elles jouissent d’une assez bonne représentation, en partie grâce à Netflix. En effet, la plateforme semble vouloir investir dans ce marché régional en multipliant les productions, dont fait partie The Silent Sea.

Cette fois-ci, la firme œuvre dans le domaine de la science-fiction, avec une série qui nous transporte sur la croute lunaire pour une mission très spéciale. Entre hypothèses biologiques, catastrophe naturelle et panique dans l’espace, la série réussit-elle à décrocher la lune ? Réponse dans cette critique de The Silent Sea.

the silent sea critique
Crédits : Netflix

Une lente avancée en terres inconnues

Dans The Silent Sea, on suit les mésaventures d’une équipe d’astronautes atypique, réquisitionnée pour récupérer des échantillons mystérieux dans une base lunaire. Ceux-ci sont extrêmement précieux pour la survie de la population terrienne, qui souffre cruellement du manque d’eau alors que la planète bleue est devenue jaune et aride. Seulement voilà, la base lunaire qui devait être vide suite à un incident inexplicable survenu 5 ans plus tôt, abrite plus de secrets que l’équipage ne l’aurait cru.

The Silent Sea pose donc les bases de ce qui pourrait être une ambitieuse intrigue de science-fiction… du moins sur le plan narratif. Dans les faits, on note d’entrée de jeu le gros point faible de la série : ses effets spéciaux. Évidemment, la production coréenne n’est pas soumise au même budget que les séries provenant de studios hollywoodiens, mais l’utilisation douteuse de la CGI et des fonds verts a tout de même suffi à nous dérouter.

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Crédits : Netflix

Si l’on pensait se rattraper sur le scénario, c’était sans compter sur quelques premiers épisodes au rythme très lent, et à une timeline décousue. Globalement, si on arrive à situer l’intrigue principale, The Silent Sea, qui centre son histoire autour de celle du docteur Song Ji-an, nous fait revivre plusieurs de ses souvenirs au travers de flashbacks, importants pour l’intrigue, mais que l’on a du mal à déchiffrer au premier abord.

La narration met donc un certain temps à se mettre en place, et c’est également le cas lorsque l’on rentre dans des phases plus actives. En effet, la série a du mal à se défaire de ces moments de lourdeur, qui se traduisent aussi dans les mouvements des personnages, leur manière de parler, même si cela n’atteint jamais leur vitesse de raisonnement (heureusement).

Cette sensation a pour conséquence de nous faire questionner sur la temporalité de la narration, qui semble durer une éternité pour seulement 24 heures d’action. Cela a aussi le don de nous forcer à ressentir un suspense factice, créé artificiellement par le fait que l’on mette du temps à nous donner les informations, plutôt que par l’urgence ou la gravité de la situation. Néanmoins, une fois que l’on se défait de cette apparent amateurisme, on se retrouve face à une intrigue foncièrement intéressante.

Une théorie scientifique complètement lunaire

The silent sea critique
Crédits : Netflix

Sans entrer dans les détails, loin de nous l’idée de vous spoiler, l’intrigue autour des échantillons, de l’incident mortel de la station lunaire Balhae et de la découverte scientifique de la biologiste, restent encore la meilleure partie de la série, qui a le luxe de s’offrir une certaine crédibilité de ce côté-là, malgré un début de saison pas franchement convaincant.

En effet, celle-ci est théorisée et expliquée de manière logique, avec assez de détails pour qu’elle soit vraisemblable sans pour autant risquer de grosses énormités ou des incohérences scientifiques aussi grossières que l’utilisation des effets spéciaux. De plus celle-ci nous offre également une bonne dose de suspense, avec une fin ouverte (et de nombreux questionnements) qui nous donnent simplement envie de découvrir la suite dans une saison 2.

The Silent Sea bénéficie d’un mélange de genres qui réussit, vers le milieu de la série, à accélérer le rythme, juste ce qu’il faut pour nous tenir en haleine. On se retrouve alors au beau milieu d’un triangle qui fait recette, entre action, science, et conflits personnels, en opposition avec une crise à grande échelle.

L’intrigue scientifique est celle que l’on retiendra, plus que les enjeux éthiques ou individuels, bien que cela a le mérite de différer en fonction de ce à quoi le spectateur s’identifie. C’est un peu ça qui fait aussi le succès de la série, bien qu’elle n’apporte rien de particulièrement innovant dans le genre. Une copie maîtrisée mais qui reste dans les clous.

Un casting dans les étoiles

Cela se ressent également au niveau de l’écriture des personnages, tous plus ou moins prévisibles dans le rôle qu’on leur a attribué. Le capitaine, campé par Gong Yoo (Squid Game) a par exemple du mal à se défaire de son rôle de chef inflexible, présent pour dire “non” sans aucune justification valable, l’incarnation même de l’autorité (masculine). À trop vouloir être borné, celui-ci en vient même à passer pour un antagoniste aux yeux du spectateur qui n’a qu’une seule envie : que les choses avancent.

Ce n’est en revanche pas le cas de l’équipage scientifique, interprété par Bae Doo-na (Sense 8) et Kim Sun-young, particulièrement convaincantes dans leurs rôles respectifs. Force est de constater que les acteurs sont plutôt doués dans ce qu’ils font, pour la plupart.

Autour de cela, la partition aurait mérité d’être plus grandiose, ce qui aurait eu pour double effet de faire monter le suspense autrement qu’avec la lenteur des événements, mais aussi de souligner le fait qu’il s’agisse tout de même d’une épopée spatiale aux enjeux importants. Finalement, l’absence d’une bande sonore en adéquation avec cette idée a tendance à minimiser la narration. Cela a tout de même le mérite de ne pas entrer dans le surjeu ou l’exagération, un critère généralement présent dans les productions coréennes et que l’on ne retrouve pas ici.



Source link Journal du Geek