Critique Kaamelott : le retour d’Alexandre le Grand


12 ans après avoir tiré sa révérence sur le petit écran, la série d’Alexandre Astier s’offre une première incursion dans les salles obscures. Ce premier chapitre de la saga Kaamelott, très attendu des fans, est-il à la hauteur de nos espérances ? Critique.

Plus d’une décennie. C’est le temps qu’il aura fallu à Alexandre Astier pour développer la suite et fin de sa série Kaamelott. Diffusée sur M6 entre janvier 2005 et octobre 2009, la pastille s’est rapidement imposée comme une référence dans le genre, surpassant même ses prédécesseures comme Caméra Café pour ne citer qu’elle. Avec Kaamelott : premier Volet, le réalisateur et acteur initie une nouvelle saga, avec l’ambition de réunir les amateurs de productions télévisuelles et les cinéphiles. Le premier film est-il le sacro-saint Graal annoncé ?

Au royaume de Logre, le tyrannique Lancelot et ses sbires font régner la terreur. Les dieux, insultés par cette cruelle dictature, provoquent le retour d’Arthur Pendragon. Mais ce dernier ne semble pas vraiment heureux à l’idée de récupérer son trône et de composer avec la résistance.

Dire que ce film est attendu est sans doute le plus gros euphémisme de cette année 2021. Suivie par une communauté parmi les plus actives, la saga Kaamelott fait un retour tonitruant dans les salles obscures, en témoigne les résultats du film à la vente de ses avant-premières. Mais la pression est également grande pour le roi Arthur, qui va devoir convaincre ses amateurs que son avenir se joue maintenant sur le grand écran.

Perceval Kaamelott
© SND

Désormais affranchi du format et du budget de la petite lucarne, Alexandre Astier voit les choses en grand. Le lyonnais livre une épopée médiévale qui se veut à la fois drôle et émouvante. Dans la lignée de la saison 5 et 6, Kaamelott s’écarte pour de bon de son format purement humoristique pour miser sur une construction narrative plus nuancée et bien plus efficace. Si vous vous attendiez à retrouver les iconiques répliques de Perceval et Karadoc, Kaamelott : Premier volet préfère le renouveau… et c’est tant mieux ! Bien loin du fan service redouté (néanmoins présent) ce premier long-métrage fait figure de renouvellement pour la franchise, qui ne perd pas son goût pour la vanne bien sentie et les situations ubuesques pour autant. La recette Kaamelott n’a pas pris une ride, au contraire de ses acteurs, et nous prouve que la comédie française peut être autre chose qu’un film avec Christian Clavier qui découvre les joies de la mixité ethnique.

Une narration épisodique efficace

Après une séquence introductive, qui sert surtout à raccrocher les wagons et à attirer les néophytes dans ses filets, l’intrigue de Kaamelott : premier volet  gagne en intensité, mais ne tranche pas tout à fait avec celle de la série pour autant. Épisodique, ce premier chapitre mise sur une pluralité de lieux et d’intrigues pour amener à sa conclusion que l’on imagine déjà grandiose. Le but est bien évidemment pour Alexandre Astier de poursuivre la construction et l’évolution de ses personnages pour poser les jalons de son aventure médiévale. À l’écran, les personnages apparaissent et disparaissent avec le seul but de préparer Arthur à son destin de souverain et dans sa quête du Graal. Si les prosélytes pourraient se perdre en cours de route, les fans eux sont embarqués dans cet univers familier et pourtant si différent.

Kaamelott
© SND

Des dialogues affûtés

Quand on pense Astier, on pense évidemment à la musicalité des dialogues du scénariste et ce premier volet nous donne raison. Avec leur phrasé si caractéristique, les personnages s’adonnent sans déplaisir à la joute verbale et les calembours inspirés. Si parfois cela aura tendance à plomber quelque peu le récit, qui se veut plus ambitieux que celui de la série, on ne boude pas notre plaisir de retrouver un Léodagan déprimé, mais toujours aussi acide et une Genièvre certes moins légère néanmoins toujours aussi drôle.

Le retour du Jedi et…du Roi Arthur

Alexandre Astier n’a jamais caché son amour pour la pop culture et la science-fiction. À plusieurs reprises dans la série, le scénariste s’était évertué à adresser quelques clins d’œil à des monuments du genre comme Star Wars ou même Stargate. Ici, c’est toute l’intrigue qui semble avoir été inspirée de l’œuvre de George Lucas. Sorte de retour du Jedi, le film se veut l’introduction d’une vaste trilogie (un choix qui n’est pas anodin) qui devrait donner aux spectateurs leur dose de spectacle annuel.

Reste que parfois Alexandre Astier ne semble pas tout à fait explorer les capacités offertes par le grand-écran. Malgré son choix de filmer exclusivement son long-métrage en Alexa 65, une seconde en France, le cadre d’Alexandre Astier manque quelquefois d’ambition. Si le grain si particulier de la caméra utilisée notamment pour Joker fait recette, on aurait aimé que le réalisateur s’affranchisse totalement des codes visuels de sa série pour la réinventer à l’écran. Pour autant, la palette de couleurs utilisées par le cinéaste transporte le spectateur dans des contrées encore jamais explorées par la série et le voyage vaut définitivement le coup d’œil.

Notons aussi l’incroyable travail sur les costumes ainsi que la musique. Le scénariste, réalisateur, mais aussi compositeur a plus d’un tour dans son sac et a composé une partition qui pourrait faire frémir John Williams et consorts. On ne manquera pas d’écouter encore et encore, les coups de cor qui résonnent dès les premières secondes de ce film.

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