En août, il faudra avoir les yeux rivés vers le ciel. L’été est propice à l’observation de la voûte céleste et les amateurs de photographie voudront sans doute immortaliser ce moment. Voici quelques conseils pour réaliser de belles photographies du ciel étoilé.

Ce vendredi 6 août marquera le lancement des Nuits des Etoiles de l’Association Française d’Astronomie. Un coup d’envoi qui sonne également le début de la meilleure saison de l’année pour les passionnés d’astrophotographie. Dans la nuit du 12 au 13 août prochain, il sera possible d’assister à la pluie des Perséides, où une centaine de phénomènes vont se produire toutes les heures. Si elle s’étend jusqu’au 24 août cette année, c’est dans la nuit du 12 août, jusqu’à 3h du matin, qu’elle sera la plus visible à l’œil nu. En plus d’offrir un magnifique spectacle éphémère, cette pluie de Perséides pourra aussi être immortalisée grâce à un appareil photo. Tous les amateurs de cet art pourront donc s’y donner à cœur joie, à condition de respecter quelques préceptes. Nous avons interrogé la photographe et instagrameuse Camille Talks, pour qu’elle nous donne quelques conseils.

Faut-il avoir du matériel professionnel pour faire de l’astrophotographie ?

Pas besoin de dépenser tout son pécule durement gagné pour s’adonner à l’astrophoto. Cette autodidacte, qui est devenue photographe de métier, nous explique que le plus important, c’est finalement de pouvoir régler sa vitesse d’obturation et l’ouverture de son objectif. Avec un reflex, entrée de gamme, il suffira de se rendre dans les paramètres pour que la magie opère. “Il vous faut un appareil avec lequel il est possible de modifier la vitesse et les ISO, en gros, il faut un appareil photo ayant un mode manuel”. Côté objectif, on privilégiera les grand-angles bénéficiant d’une grande ouverture, entre f-2 et f-4. Parce que oui en photo, plus l’ouverture est grande, plus le chiffre est petit.

Enfin, dernier outil qu’il faudra absolument emporter dans sa besace, un trépied. C’est lui qui permettra d’assurer la stabilité de l’appareil pendant le long temps de pause, aussi, il faut que celui-ci soit robuste. Il est possible de s’en procurer sur Internet, mais aussi dans les magasins disposants d’un rayon photo conséquent.

Un autre outil, absolument pas indispensable mais qu’il peut être intéressant de se procurer, est l’intervallomètre. Comme son nom l’indique, il permet de prendre plusieurs clichés à intervalle régulier; utile pour réaliser une timelapse, ou pour certaines autres actions de post-traitement.

© Julie Hay

Quelles sont les conditions météorologiques idéales ?

Si l’été est plus propice à l’astrophotographie, c’est l’hiver que l’on voit le mieux les étoiles. Camille nous explique notamment qu’à cette période de l’année, il est possible d’observer la nébuleuse d’Orion. “On pense souvent que l’été est le moment idéal pour observer le ciel, pourtant, c’est en hiver que c’est plus simple. On peut le faire plus tôt, parfois même dès 21 heures. Il est vrai cependant qu’il fait plus froid et qu’il fait moins souvent beau.” Pour réaliser de belles photographies du ciel incandescent, il faudra donc garder les yeux rivés sur son application de météo et s’assurer que le temps est clément et le ciel dégagé. Les excursions estivales sont plus tardives puisqu’il faut attendre environ 1 heure du matin pour ne plus être dérangé par les dernières lueurs du soleil. Camille nous conseille aussi de suivre le calendrier lunaire pour ne pas être perturbé par l’éclat de l’objet céleste. “Le moment idéal est donc lors de la nouvelle lune. Sinon, sa lumière va éclipser celle des étoiles”. En parlant de lumière, les photographes devront chercher l’obscurité totale et parfois s’éloigner jusqu’à 50 km d’une grande ville. La pollution lumineuse empêche de réaliser de beaux clichés, donc n’hésitez pas à vous en éloigner le plus possible. D’ailleurs, vous pouvez connaître tous les endroits propices à l’astrophoto grâce à cette carte, conseillée par Camille.

On entre dans le vif du sujet. Quels réglages utiliser pour réaliser les plus belles photos de la voûte céleste ? On le disait plus haut, le plus important, c’est l’ouverture du diaphragme. Pour le régler, il faudra privilégier le mode manuel et choisir la plus petite mesure possible. L’idéal se situe entre f.2 et f.4. C’est cette ouverture qui va permettre de faire entrer le plus de lumière.

Ensuite, il faudra choisir un temps de pose assez long. Dans la majorité des cas, on ne dépassera en revanche pas les 30 secondes, sous peine de voir ce que nos amis d’outre-Manche appelle “startrail”. Il s’agit d’une traînée caractéristique, qui apparaît sur l’image à cause de la rotation terrestre. L’effet peut être esthétiquement sympathique s’il est voulu, mais il peut aussi ruiner une superbe photo s’il s’invite sans prévenir.

Une illustration du phénomène de “startrail”, que l’on appelle aussi un “filé d’étoiles”. © Patrick McManaman

Enfin, il faudra augmenter la sensibilité ISO de son appareil aussi loin que possible. Certains boîtiers pourraient avoir du mal à délivrer une photographie nette lorsque la sensibilité est haute, ce sera donc à vous d’adapter vos réglages en conséquence. Si les étoiles que vous souhaitez photographier sont très peu lumineuses, il vous faudra sûrement pousser l’ISO aussi loin que possible, jusqu’à ce que vous jugiez l’image trop bruitée.

Pensez également à paramétrer votre matériel pour capturer vos clichés dans un format RAW, c’est-à-dire sans perte d’informations. Selon la marque et le modèle de votre matériel, ce format peut avoir des noms différents; on trouve par exemple des fichiers .cr2 chez Canon, .arw chez Sony, et ainsi de suite. Avec un fichier de ce type, vous conservez un contrôle absolu sur chaque paramètre de votre image finale au moment post-traitement (voir la partie retouche).

Vient enfin la question critique de la mise au point. Elle est un petit peu particulière en astrophoto, dans la mesure où il s’agit d’immortaliser des objets qui peuvent être situés à des années-lumières de distance. Autant dire que le capteur de votre objectif risque d’avoir quelques soucis… Hors de question, dans ces conditions, de passer par l’autofocus. À la place, il vous faudra le faire de façon manuelle, mais pas n’importe comment. La technique consiste à faire un premier repérage de jour pour faire la mise au point sur l’infini, en visant l’élément du paysage le plus lointain possible. Cette technique aura tendance à donner de meilleurs résultats que la mise au point sur l’infini proposée par défaut avec certains objectifs.

Pour finir, précisons que les règles immuables de la photographie sont toujours d’actualité lorsqu’il s’agit de tirer le portrait du cosmos. C’est le cas pour la règle qui relie la vitesse d’obturation à la taille de l’objectif, qui est toujours valable dans ce contexte. Traditionnellement, on évite par exemple de descendre à moins d’1/50s avec un appareil équipé d’un objectif de 50mm, et ainsi de suite. Néanmoins, la présence de votre trépied permet d’avoir une petite marche de manœuvre, notamment lorsque la nuit est particulièrement sombre et que les étoiles ne brillent pas de mille feux.

Avec le réglage infini, vous devriez pouvoir obtenir des images nettes. © Julie Hay

Quelques conseils pratiques pour réussir vos photos

Camille nous conseille également d’utiliser un retardateur, ce qui permet d’éviter le mouvement de son appareil lors de l’enclenchement du bouton. Plus généralement, il est très important de bien stabiliser son matériel; c’est d’autant plus vrai lorsque vous souhaitez réaliser un assemblage de plusieurs images consécutives.

La photographe nous invite aussi à ne pas oublier d’ajouter un premier plan dans le cadre, pour faire ressortir le contraste du ciel. La composition de l’image est très importante; on est tenté de ne photographier que le ciel, mais le jeu d’ombre sur un bâtiment, un personnage ou même des détails de paysage permettra de donner du cachet à votre cliché.

Ça y est vous voilà prêts à photographier les astres. Camille a tout de même quelques conseils pratiques en réserve, pour profiter de ce moment suspendu. “Mon principal conseil quand on part en sortie photo la nuit, c’est de bien se couvrir. Le temps de pose est plus long donc on reste souvent assez statique. On peut aussi prendre une liseuse ou amener quelques copains pour faire la discussion et ne pas s’ennuyer.” Elle précise que pour éclairer son chemin, et éviter les embûches, il faudra penser à prévoir une lampe et que dans l’idéal celle-ci devra être frontale. Vos mains seront déjà bien chargées avec votre matériel, inutile d’y ajouter une lampe.

L’astrophoto va de paire avec la retouche…

Vos photos sont sur votre appareil, idéalement en format RAW, ne reste plus qu’à s’attaquer à la retouche. Pour faire ressortir toutes les subtilités du ciel, vous voudrez passer par un logiciel de retouche comme Lightroom. “La retouche, c’est assez subjectif. Personnellement j’aime bien pousser la clarté et les hautes lumières. J’utilise aussi le pinceau pour retravailler la luminosité et mettre certaines zones en exergue” confie Camille. De notre côté, on ne peut que vous conseiller d’expérimenter différents rendus, en dupliquant votre image, pour vous faire une idée de ce que vous préférez.

Et avec un smartphone alors ?

Photographier le ciel avec son téléphone n’est pas évident, mais pas forcément impossible. Certains smartphones, comme les Google Pixel, bénéficient d’un mode nuit assez convaincant. Il faudra bien sûr emporter un trépied et sélectionner le mode dédié. Sur le Pixel 4, vous pourrez augmenter le temps d’exposition jusqu’à 4 minutes, contre une minute pour le troisième du nom. Le One Plus 8Pro bénéficie aussi d’un mode nuit qui, couplé d’un trépied, permettra d’offrir un résultat assez satisfaisant. Même si on vous recommande plutôt le reflex pour vos séances d’astrophotographie, le smartphone vous permettra de vous essayer à cet art avant d’investir.

Sinon votre fidèle compagnon vous permettra d’étudier le ciel avant de photographier. Il existe plusieurs applications pour repérer les différentes étoiles dans le ciel, comme la ceinture d’Orion par exemple. Au Journal du Geek, notre préférence va à Star Walk 2 qui est disponible sur iOS et Android. Elle permet grâce à la réalité augmentée de penser votre cadrage.

Pour découvrir l’univers de Camille, vous pouvez faire un tour sur son blog, disponible à cette adresse. Ne reste plus qu’à vous souhaiter de belles soirées étoilées et de beaux clichés.





Source link Journal du Geek

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