46 ans après Luna 24, la Russie repart à la conquête de la Lune


Roscosmos, l’agence spatiale russe, espère redorer son blason en rapartant à la conquête de la Lune; une entreprise de longue haleine qui commencera avec Luna 25 en juillet prochain.

Cela fait déjà près d’un demi-siècle que Luna 24, la dernière expédition lunaire russe, s’est posée sur notre satellite. Entre-temps l’aérospatiale russe a perdu de sa superbe; Roscosmos, l’agence spatiale du pays, est sortie meurtrie de la Guerre froide; depuis, la Lune ne fait plus vraiment partie des priorités du Kremlin et de l’agence. Ou du moins, jusqu’à récemment. Car le paysage de l’aérospatiale a radicalement changé depuis, et les décideurs russes estiment désormais que toutes les conditions sont réunies pour un retour en fanfare; ils ont officialisé le lancement d’une nouvelle mission baptisée Luna 25 en juillet prochain.

En effet, l’assemblage de l’alunissage qui jouera le premier rôle est enfin terminé; tous les instruments sont désormais installés. Ceux-ci comprennent notamment un bras robotique pour récolter de la poussière lunaire et une caméra de navigation développée par l’ESA. L’ensemble est actuellement dans une phase de test qui devrait prendre fin à la mi-mars. Il ne restera ensuite plus qu’à y intégrer toute la partie logicielle, ce qui devrait leur prendre jusqu’à avril. L’engin subira encore une dernière batterie de tests de dernière minute avant son départ, prévu le 23 juillet.

Décollage prévu le 23 juillet

À cette date, un Soyouz-2.1b embarquera l’alunisseur en direction de la Lune. Il se dirigera vers le pôle sud de la Lune, et la cargaison sera déposée dans la région circumpolaire, c’est -à -dire dans la région qui entoure la zone polaire à proprement parler.

Une fois sur place, la sonde aura trois tâches principales. Dans un premier temps, il sera scruté sous tous les angles par une armada de capteurs lors de l’alunissage. L’objectif : peaufiner la technologie qui permet de se poser en douceur, et donc de préserver autant que possible ce matériel très précieux.

Dans un second temps, la mission Luna 25 étudiera la structure interne et les ressources de cette région circumpolaire. Celle-ci demeure encore relativement mal connue, et pourrait donc receler quelques trésors scientifiques. Enfin, elle analysera également le sol lunaire pour étudier les effets des rayonnements solaires et cosmiques.

Mais surtout, Luna 25 servira à reposer les bases d’une nouvelle ère de la conquête spatiale russe. D’après Space.com, elle sera la première d’une série d’au moins quatre missions déjà au programme. Luna 26 devra acheminer un satellite-relais près de la Lune en 2024. Il préparera le terrain pour la mission Luna 27, qui devrait cette fois embarquer un rover. Enfin, la mission Luna 28 devrait permettre de rapatrier des échantillons de sol et de poser les bases d’une future station de recherche lunaire.

Les grandes puissances dans les starting blocks

Et c’est bien là le point le plus intéressant du retour aux affaires de Roscosmos. Car les Américains, qui prévoient de retourner sur la Lune en 2025 avec la mission Artemis, ne seront pas les seuls à vouloir occuper le terrain. Rappelons en effet que la Russie a signé un accord de coopération centré sur le déploiement d’une base lunaire commune avec la Chine, dont l’aérospatiale progresse à une vitesse impressionnante.

Il sera donc très intéressant de voir comment vont se dérouler les interactions entre les différentes agences. Il y aura certainement une forme de coopération, tout du moins en façade, mais il est fort probable que cela cache une compétition à couteaux tirés.

En effet, de nombreux observateurs estiment que la conquête spatiale, déjà très importante d’un point de vue stratégique, va progressivement devenir un facteur encore plus déterminant dans les relations internationales. Pour les nations concernées, il devient donc crucial de placer ses pions le plus rapidement possible. Et ça, les États-Unis, la Chine et la Russie l’ont bien compris. Il conviendra donc de suivre le déroulement de ces missions et le déploiement de cette base avec une attention toute particulière, car d’ici quelques décennies, cela pourrait devenir l’un des principaux points de friction entre les grandes puissances.



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